mercredi 4 juillet 2012

La maniaquerie d'Annette Hausset

Il y a les gens maniaques. Les pointilleux. Les perfectionnistes. Les empêcheurs de tourner en rond. Les toqués plein de tocs.
Annette Hausset, du haut de son mètre quarante-sept, était de ces gens là. 
Une petite femme toute menue. Très discrète, elle avait pour maniaquerie d'éteindre les lumières partout où elle passait. A chaque fois qu'elle sortait d'une pièce, c'était plus fort qu'elle, il fallait qu'elle éteigne la lumière. Elle ne pouvait pas supporter l'idée de laisser allumer quand elle quittait une pièce. Si elle voyait un interrupteur en sortant, elle appuyait dessus sans même réfléchir.

Aussi, depuis des années, elle ne pouvait plus recevoir personne le soir. On parlait encore dans tout le quartier de son dernier dîner où elle avait laissé ses invités dans le noir à chaque fois qu'elle était partie dans la cuisine...
Car oui, elle avait bel et bien éteint la lumière entre chaque plat, laissant ses invités assis à table dans le noir le plus total !

Elle s'était résignée à ne plus sortir ou ne plus recevoir le soir. Jusqu'au jour où son mari fut invité, avec sa femme, à un cocktail professionnel.  
Une fois sur place, dans sa petite robe bleue ciel, son mari lui avait formellement interdit de quitter la moindre pièce. 
"Quitte à rester dans le hall d'entrée toute la soirée" lui avait-il dit.
Tremblotante et réservée, Annette était restée là. Juste devant la porte des cuisines. La porte d'où sortaient les serveurs munis de plateaux en argent remplis de coupes de champagne et de petits fours tous plus délicieux les uns que les autres.

Son mari, trop occupé à gérer son avenir professionnel n'avait pas fait attention. Jusqu'au moment où la pièce dans laquelle il était se retrouva dans le noir. Dans un silence laissant présager une surprise, il entendit la petite voix de sa femme hurler :
Berrrrnaaaard ? Beeerrrr-naaarrrrd ??
Annette le cherchait. Elle passait de pièce en pièce éteignant toutes les lumières derrière elle. Ivre et totalement désinhibée, elle titubait parmi les invités cherchant son mari pour lui raconter combien cette soirée était réussie et combien il était dommage qu'ils sortent si peu !

Oui, Annette Hausset avait une maniaquerie bien embarrassante et peu commune. Elle prit tout son sens ce jour là où son mari, responsable commercial chez StoreLux, société reconnue pour la qualité de ses stores vénitiens, négociait son poste de directeur adjoint.


8 commentaires:

Catherine a dit…

Excellent !Trop court à mon goût, j'aurais bien aimé continuer à lire les aventures d'Annette Hausset !

Françoise a dit…

@ Catherine : Merci !!
J'essaie toujours de faire des histoire courtes pour ne pas trop lasser les gens qui lisent. Mais je suis contente que ça t'ai plu !

Bruno a dit…

Cette belle nouvelle (Épithète) est très rigolote (Attribut).
J'ai bon ???

Françoise a dit…

à Bruno : Les lecteurs assidus (épithète) de Bulles de sourire sont les meilleurs (attribut) !
Tu as bon !!!

Bruno a dit…

Ouaips, c'est un beau texte.
Cependant, mon "coté obscur" me titille : Quelle force la pousse à éteindre systématiquement les lumières ? Que se passe-t'il dans le noir quand elle s'en va ? Que risque-t'elle à laisser allumé ? Que cache-t'elle ???
Bref, de quoi permettre à Stephen King de faire 900 pages !

Françoise a dit…

900 pages... Oula ça fait beaucoup !

Catherine a dit…

@ Bruno : C'est drôle, moi aussi j'ai pensé à Stephen King...me demandant quelle suite il aurait donné... D'où ma frustation ....
Allez Françoise, la suite ! En plusieurs fois même si tu veux... Les aventures d'Annette Hausset !

Françoise a dit…

C'est un complot !
Je n'y connais rien en Stephen King moi !!
Mais je garde Annette Hausset alors. Comme dirait Thérèse : "je la remise par devers moi" !